g o u t t e s d e p o é s i e

poëtische druppels

Cet été, dans les couloirs et les stations du métro bruxellois, des poèmes tomberont, de façon aléatoire, des haut-parleurs.

C’est une intervention dans l’espace public que j’ai voulue comme un signal: après le confinement, la culture doit continuer d’occuper l’espace « hors-ses-murs » que l’exil-covid l’a forcée à domestiquer. La ville est un terrain de jeu formidable et encore tellement inexploité.

La ville est un corps que la culture doit nourrir.

Enregistrés par de merveilleux comédiens, ces textes poétiques très courts, mystérieux, brefs extraits pris chez les géants magiciens que furent Emile Verhaeren et Karel van de Woestijne, tomberont comme des gouttes, à l’improviste. Sans crier gare. Pour que la parole poétique circule dans le tentaculaire terrier sous la ville.

Gouttes de poésie / textes d’E. Verhaeren. Voix: Geneviève Damas et Corentin Lobet. Direction: Grégoire Polet. Écoutez directement les gouttes en HD sur le SoundCloud :
https://soundcloud.com/gr-goire-polet/sets/gouttes-de-poesie
Poëtische druppels / textes de Karel van de Woestijne. Voix: Karen Verbrugge et Jan Hammenecker. Direction: Grégoire Polet. Écoutez directement les druppels en HD sur le SoundCloud :
https://soundcloud.com/gr-goire-polet/sets/poetische-druppels-mivb

Chuchoter des poèmes dans les haut-parleurs du métro, c’est parler dans l’oreille de la ville.

En fermant les salles de spectacle, le covid nous a appris que la culture doit, plus que jamais, innerver tout le réel. Et vivre, insolemment, partout.

Comme le lierre sur les maisons, la culture sur la ville.

Après la faim et l’exil du confinement, la culture doit gagner dix fois ce qu’elle a perdu. Que chacun apporte son action personnelle.

C’est dans cet esprit qu’en partenariat avec le métro Bruxellois (STIB) et avec le soutien des AML (Archives Musée de la littérature), j’ai réalisé cette petite intervention. A priori prévues pour « tomber » pendant une journée, les gouttes de poésie tomberont finalement quatre fois, cet été. Un vendredi sur deux, en commençant par le vendredi 16 juillet. (Le projet fait partie du programme Get Back de la STIB, destiné à faire revenir les usagers éloignés par la période de confinement.)

Le côté trash. Chacun sait que la qualité des haut-parleurs en station et dans les souterrains laisse beaucoup à désirer. Mais c’est dans l’esprit du projet, dès le départ, de marier des capsules poétiques sophistiquées, avec la réalité grésillante et crachotante des annonces du métro. Entre poésie et prose, entre parasites inaudibles, pollution sonore et éclats de poésie.

Tantôt pure, tantôt en lambeaux; tantôt éloquente et tantôt éraillée, distordue dans les canaux du réel et du souterrain, la parole poétique s’invite en fugaces apparitions dans l’immense terrier de la ville.

Les merveilleux comédiens qui ont prêté leurs voix: 

Karen Verbrugge, Corentin Lobet, Geneviève Damas et Jan Hammenecker.

Et la complicité technique de David Mouyal (Take Off Record)